Le clan des startuppeurs tricolores à l'assaut du Y Combinator (2024)

Deux IPO dont une déjà légendaire - Airbnb et DoorDash - et la revente de Segment à Twilio pour 3,2milliards de dollars. En quelques mois, le Y Combinator, le plus célèbre des incubateurs , a concrétisé quelques-uns de ses paris les plus audacieux. Pour ces quelques réussites iconoclastes, d'autres d'entrepreneurs venus se frotter au prestigieux programme parviennent à réaliser de très belles trajectoires, même moins médiatisées. Parmi eux, de plus en plus de Français marchent dans les pas des pionniers Nicolas Dessaigne (Algolia) , Solomon Hykes (Docker) ou Alexei Chemenda (Motionlead). Ce dernier raconte comment la vague française a peu à peu déferlé sur cet incubateur installé à Mountain View:«Quelques Français nous ont identifiés et ont voulu tenter l'aventure, comme Mathilde Collin de Front ou Daniel Yanisse de Checkr. Chacun de notre côté, nous les avons aidés à se préparer, puis nous nous sommes dit que l'on pouvait mutualiser nos efforts.»

Un programme d'une rare intensité

Tous les alumni du «YC» s'accordent à dire que la préparation est clé avant d'aborder un programme d'une rare intensité, comme le décrit Ali El Hariri, cofondateur et PDG de BulldozAIR :«Après avoir été recalé en 2015, notre dossier a été sélectionné en ligne l'année suivante et nous avons pu passer l'oral. Après plusieurs entretiens, nous avons pu intégrer le YC. A l'époque, plus de 20.000 entreprises candidataient et 150 étaient prises.» Entre ces deux tentatives, les fondateurs de la jeune pousse s'étaient frottés au marché américain en participant au programme Impact USA de Business France et bpifrance.«A ce moment-là, nous avons rapatrié notre équipe (huit personnes) à Cupertino où nous avons loué une maison, raconte l'entrepreneur.Pendant trois mois, nous avons travaillé comme des acharnés et je faisais quelques allers et retours avec la France car je venais d'y avoir mon second fils.»

L'intensité des semaines n'est pas qu'une légende. Lorsque les startuppeurs se lancent pour trois mois de mentorat poussé et une présentation finale de deux minutes devant la crème des investisseurs de la Silicon Valley, ils en ressortent rincés.«Tous les entrepreneurs vivent un trou d'air en quittant le YC, estime Thibaut Sahaghian, cofondateur et PDG de Multis .Tu es censé partir en levée de fonds alors que tu n'as plus d'énergie… Nous n'avions plus beaucoup de liquidités et je me suis retrouvé dans une chambre du quartier des toxicomanes(Tenderloin) de San Francisco. Une fois les fonds levés, j'ai pu enfin me reposer.»

La crème de la Silicon Valley en mentors

Si l'épreuve est rude, l'incubateur peut avoir un rôle transformateur pour l'entreprise. Avant de s'y rendre en 2017 à la suite de la revente de sa précédente société, Nicolas Toper y trouve un cofondateur pour son nouveau projet, Manycore , mais surtout y décuple son ambition:«Avant, je ne savais pas que l'on pouvait faire aussi grand, et l'environnement dans lequel on baigne a permis de nous faire changer de dimension. Toutes les personnes qui t'accompagnent ont déjà eu d'énormes succès, tout devient plus concret.»

La qualité des accompagnants est à l'origine du succès du YC. Dans un Slack (plateforme de communication) réservé aux anciens pensionnaires, il est possible de poser une question à n'importe quel autre entrepreneur, y compris les plus célèbres.«Lorsque j'y étais, j'ai rencontré les fondateurs d'Airbnb, d'Eventbrite et d'autres, se souvient Alexei Chemenda.Mais ceux qui ont le plus d'impact sur le business ne sont pas forcément les plus connus. Paul Graham (cofondateur du YC)m'accompagnait et je cherchais à rencontrer des éditeurs de jeux vidéo pour leur proposer notre solution. Il a ouvert son ordinateur portable et, en moins de cinq minutes, il m'a fait une introduction aux PDG des plus gros acteurs du secteur. Seul, je n'y serais probablement toujours pas arrivé…»

7% de l'entreprise en échange

Cet apport, qui peut s'avérer décisif sur le modèle économique, a un coût. Les trois mois du programme ainsi qu'une enveloppe de 150.000dollars sont troqués contre 7% de l'entreprise accompagnée. Mais la plupart estiment cet échange équitable, notamment car son effet se prolonge dans le temps, assure Thibaut Sahaghian:«YC est une marque et elle s'imprime sur ton entreprise. Elle aide à rencontrer davantage d'investisseurs, à recruter, notamment lorsque tu es au tout début de l'aventure, comme c'était notre cas. Ca attire les meilleurs et les rassure.»

Loués pour leur pragmatisme et leur capacité à rester factuel, les entrepreneurs français ont réussi à se tailler une belle réputation dans ce temple de l'entrepreneuriat. Depuis sept ans, ils sont de plus en plus nombreux à tenter leur chance et l'un d'entre eux parviendra probablement, un jour, à accrocher le tableau d'honneur du YC, constitué de sociétés valorisées entre 10 et 100milliards de dollars.

À noter

Depuis le début de la crise sanitaire, l'ensemble du programme du Y Combinator a basculé en ligne, y compris son fameux «Demo Day». Cet exercice qui clôture l'accompagnement de l'incubateur permet aux entrepreneurs de pitcher leur start-up à plus de mille des meilleurs investisseurs de la Silicon Valley.

Le clan des startuppeurs tricolores à l'assaut du Y Combinator (2024)

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